Interview de Diane Bouchedor : Des JO, au Tour de France en passant par Roland Garros - La vision d’une communication sport sincère et durable

Diane, après avoir contribué à des événements prestigieux comme Roland Garros et le Tour de France, quelles compétences en communication et relations publiques considérez-vous comme essentielles pour réussir dans le secteur du sport de haut niveau ?

Travailler dans la communication sportive de haut niveau exige bien plus qu'une simple maîtrise des outils de communication. C’est un environnement où l’excellence, l’instantanéité et l’émotion cohabitent en permanence. À mon sens, trois compétences sont fondamentales.

La première, c’est l’agilité stratégique. Chaque événement, chaque partenaire, chaque athlète a ses enjeux spécifiques. Il faut savoir adapter ses messages, gérer des imprévus en temps réel et rester cohérent avec l'identité de marque tout en valorisant les performances sportives et humaines.

La deuxième, c’est l’intelligence relationnelle. Être capable de créer un lien de confiance avec des interlocuteurs très divers — sportifs, médias, sponsors, institutions — est indispensable. Dans un secteur où la pression est constante, la qualité des relations humaines fait toute la différence.

Enfin, la vision. Anticiper les tendances, construire des récits inspirants, développer des activations qui marquent les esprits... Dans un écosystème ultra-concurrentiel, c’est cette capacité à insuffler du sens et de l’émotion qui transforme une simple campagne en véritable expérience de marque.

C’est avec cette exigence et cette passion que j’ai fondé My Sport Communication, pour accompagner les acteurs du sport dans leur rayonnement stratégique et humain.

Dans le contexte global des Jeux Olympiques Paris 2024, comment anticipez-vous l'évolution des relations publiques dans la gestion de tels événements sportifs d'envergure ?

Les Jeux Olympiques de Paris 2024 représentent une vitrine mondiale sans précédent pour le sport français, mais aussi un tournant stratégique dans la manière de penser les relations publiques.

Nous entrons dans une ère où la communication ne se contente plus d’informer ou de promouvoir, elle doit fédérer, incarner des valeurs fortes et créer de la résonance sociale. Les RP évoluent vers une approche plus engagée, participative et responsable. Cela implique d'intégrer pleinement les enjeux de durabilité, d'inclusion, de transparence et d’héritage dans chaque prise de parole. J'ai notamment été attachée presse sur le relais de la flamme paralympique et j'au été frappée par ces enjeux directement, sur le terrain. C'est d'ailleurs ce qui a rendu cette mission unique et pleine de sens.

Par ailleurs, l’amplification en temps réel par les médias sociaux transforme chaque spectateur, chaque fan, en relais potentiel. Il devient essentiel d’orchestrer les récits de manière agile, cohérente et émotionnelle, tout en étant prêts à dialoguer, à ajuster, à écouter. Ce n’est plus une communication verticale, c’est un écosystème de conversations à entretenir.

Enfin, la force des RP aujourd’hui réside dans leur capacité à connecter des mondes : institutions, athlètes, partenaires, citoyens, territoires et le monde de l'influence qui sont les "nouveaux médias de demain". C’est cette interconnexion qui fera le succès de Paris 2024 au-delà du terrain, dans les mémoires et dans l’héritage collectif.

Pouvez-vous partager une expérience où la stratégie de relations publiques a eu un impact significatif sur la perception publique d'un événement sportif, et comment avez-vous mesuré ce succès ?

Une expérience particulièrement marquante a été ma mission en tant qu’attachée de presse pour Senseo sur le Tour de France 2 années de suite. L’objectif était clair : inscrire la marque dans l’univers du cyclisme de manière authentique et engageante, entant que référence "café officiel du Tour de France" au-delà de la simple visibilité.

Nous avons conçu une stratégie RP autour de la proximité et du vécu terrain, en mettant en avant l’expérience café au cœur du village départ, tout en valorisant l’engagement de Senseo auprès du public et de sa démarche RSE. L’approche a été de co-construire un récit de marque chaleureux, accessible et en phase avec les valeurs populaires du Tour, en misant sur la relation humaine : présence média ciblée sur chaque étape, relais locaux et contenus immersifs à diffuser notamment en utilisant les réseaux sociaux.

Le succès a été mesurable sur plusieurs axes :

Une hausse significative de la couverture presse locale et nationale, avec des retombées qualitatives dans des médias grand public et spécialisés notamment durant la période du Tour de France.

Une augmentation de la notoriété de Senseo associée au Tour

Et surtout, un impact positif sur la perception émotionnelle de la marque, qui a su se positionner comme un acteur convivial et légitime dans cet univers exigeant.

Cette activation a montré à quel point une stratégie de relations publiques bien pensée peut transformer un simple partenariat en expérience de marque forte et mémorable, en générant du lien, de l’émotion et de l’adhésion. 

Avec l'essor des médias sociaux, en quoi la gestion des relations publiques a-t-elle changé dans votre approche du sponsoring sportif ?

Les réseaux sociaux ont profondément transformé la manière d’aborder les relations publiques dans le cadre du sponsoring sportif. Nous sommes passés d’une logique de visibilité ponctuelle à une stratégie de narration continue et interactive, où chaque prise de parole devient une opportunité de dialogue avec les publics.

Dans mon approche, cela implique de penser le sponsoring comme une plateforme de contenus vivants, qui va bien au-delà du logo sur un maillot ou d’une citation dans un communiqué. Il s’agit de créer des récits authentiques, portés par des ambassadeurs crédibles – qu’ils soient athlètes, fans ou collaborateurs – et amplifiés sur les bons canaux, et c'est d'ailleurs ce qui me passionne (et je l'enseigne en école de commerce à mes heures perdues ;-) )

Les RP se font désormais en temps réel, avec une attention constante portée à l’écoute sociale, à l’engagement communautaire et à la capacité de réagir rapidement. Il faut aussi tenir compte du fait que la plupart des médias ont désormais des relais médias sociaux où ils communiquent. Cela nécessite une collaboration étroite entre RP, social media et activation de marque, pour aligner les messages et créer une expérience cohérente sur tous les points de contact.

Quelle est votre stratégie pour maintenir l'authenticité d'une marque tout en naviguant les attentes changeantes des publics modernes dans le secteur du sport ?

Aujourd’hui, les publics attendent des marques qu’elles soient vraies, engagées et utiles. Dans le sport, où l’émotion est omniprésente, on ne peut pas tricher. Et ça tombe bien, je ne sais pas tricher, je suis quelqu'un de très authentique dans ma façon de travailler. Mon approche, c’est de toujours partir de l’ADN réel de la marque : ses valeurs, son histoire, ce qu’elle apporte concrètement à la communauté sportive.

L’enjeu, c’est de rester cohérent tout en étant capable de bouger avec son temps. Il ne s’agit pas de suivre toutes les tendances, mais de savoir quand et comment s’adapter, avec sincérité. Le ton, les formats, les engagements : tout doit évoluer, sans jamais dénaturer l’essence de la marque.

Je crois beaucoup à l’écoute active : des fans, des athlètes, des collaborateurs. Ce sont eux qui détiennent la vérité du terrain. Et je privilégie toujours les prises de parole incarnées, les preuves concrètes, les actions plus que les slogans.

L’authenticité, ce n’est pas un style, c’est une posture. Et c’est cette exigence que j’applique au quotidien dans les projets que j’accompagne, pour que les marques ne soient pas seulement visibles, mais profondément crédibles. 

Quel conseil donneriez-vous aux jeunes professionnels cherchant à se spécialiser dans les relations publiques et le sponsoring sportif ?

Mon premier conseil serait : soyez curieux et allez sur le terrain. Rien ne remplace l’expérience vécue, les échanges humains, l’ambiance d’un événement, les contraintes d’un direct ou les imprévus d’un partenariat. Le sport est un secteur où tout va vite, mais où tout repose encore – profondément – sur la relation, l’émotion et la réactivité.

Ensuite, je dirais : ne vous contentez pas de “communiquer” — cherchez à comprendre ce que la marque veut vraiment incarner, et ce que le public attend en retour. Il ne suffit plus d’être visible, il faut être utile, sincère et bien aligné.

Enfin, formez-vous, soyez à l’écoute des tendances (médias, RSE, fan engagement, influence, etc.), mais surtout, construisez votre propre manière de faire les choses, avec sens, rigueur et passion.

Les RP et le sponsoring dans le sport sont des métiers exigeants, parfois sous-estimés, mais incroyablement riches. Et ce que je retiens de ces années d’expérience, c’est que ce sont les professionnels qui osent créer du lien authentique et durable qui marquent vraiment la différence.

Comment pensez-vous que les relations publiques sportives vont évoluer dans un monde de plus en plus axé sur la durabilité et la responsabilité sociale ?

Les RP sportives entrent dans une nouvelle ère : celle de l’engagement concret et du récit utile. Il ne suffit plus de faire rêver, il faut aussi donner du sens, assumer ses responsabilités et prouver son impact.

Demain, les marques qui compteront seront celles qui sauront conjuguer performance, valeurs et transparence. Et les communicants auront un rôle clé : être les garants de l’authenticité et de la cohérence entre discours et actions.

C’est une formidable opportunité : faire du sport un véritable moteur de transformation sociale et environnementale – à condition d’avoir le courage d’y croire, et de bien le raconter. 

Pour plus d'informations : https://my-sport-communication.com/

Partager cette page
Partager cette page
Parole d'experts
Les plus lus
Les articles par date